
La nouvelle selon laquelle Goldman Sachs cherche à mettre en place la première opération de trading de Bitcoin à Wall Street est un chapitre important dans l’histoire du Bitcoin.
Depuis sa création en 2009 et sa commercialisation en 2011, le bitcoin a connu une histoire mouvementée pour s’imposer dans le monde de la finance. La controverse de la route de la soie a été la première à éclater : le bitcoin, introuvable, s’est avéré être la monnaie de prédilection des criminels qui échangent des marchandises illégales. Puis il y a eu le vol de millions de bitcoins à Mt Gox. Ces questions ont renforcé l’idée que Bitcoin était avant tout un refuge pour les activités illégales. Les querelles incessantes avec les autorités fiscales et la volonté de renverser la politique monétaire centralisée ont éloigné le bitcoin de sa légitimité. Ces problèmes perdurent jusqu’à aujourd’hui, où des mandats ont été émis par la SEC américaine à l’encontre des traders de crypto-monnaies.
D’un autre côté, la légitimité du bitcoin s’est maintenue malgré ces revers. Le bitcoin a progressé, étant disponible et échangeable pour une multitude d’utilisateurs. Elle a renforcé sa sécurité afin d’éviter une nouvelle faillite de Mt. Gox. Il est désormais intégré dans les contrats à terme, les ETF et les fonds gérés. Elle a également réagi aux réglementations et développé des logiciels pour améliorer la transparence et les rapports.
Les banques de Wall Street représentent l’étape suivante dans l’évolution du bitcoin, qui pourrait avoir été motivé davantage par les forces du marché que par la légitimité. Malgré les problèmes actuels, les banques ont leurs propres raisons de se méfier du bitcoin et ont multiplié les hyperboles. Le PDG de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, a ainsi qualifié le bitcoin de  »fraude » et a insisté sur la possibilité que le bitcoin soit une bulle. Le rejet des banques s’explique par le défi que représente le bitcoin pour leur hégémonie sur l’argent et la menace que représentent les crypto-monnaies pour leurs profits, mais l’hyperbole est aussi le reflet de problèmes très réels associés au bitcoin et aux crypto-monnaies. Malgré les améliorations significatives apportées à la sécurité du bitcoin, ce dernier est en définitive conçu pour permettre le transfert anonyme de devises. Cela lui permet d’être intraçable en cas de besoin. Malgré les similitudes avec la monnaie, il s’agit en fin de compte d’un jeton généré par ordinateur, sans  »étalon-or » ni sanction de la réserve fédérale, ce qui rend les discussions sur une bulle et une fraude tout à fait justifiées.
Mais en réponse à l’augmentation significative de la valeur, les banques de Wall Street ont commencé à considérer le bitcoin sous un angle différent. L’un des cadres de Goldman Sachsayant participé à la mise en place des échanges de bitcoins, Rana Yared, a déclaré que  »Goldman avait conclu que le bitcoin n’était pas une fraude ». Mme Yared a également fait remarquer que les clients souhaitent traiter le bitcoin de la même manière que les produits de base, car il est extrait en quantité limitée à l’aide d’un système complexe. Par conséquent, les clients des banques d’investissement cherchent à investir dans les contrats à terme sur le bitcoin en tant qu’instrument au même titre que d’autres matières premières extraites.
Cela confère-t-il une légitimité au bitcoin ?

Je dirais que non. Les banques cherchent à faire des bénéfices. Si l’échange de crypto-monnaies représente une opportunité de profit, les banques attendront que le rapport risque/bénéfice en vaille la peine et commenceront alors à faire des bénéfices. Lorsque leurs clients investisseurs expriment un intérêt pour le bitcoin, proposer le bitcoin revient simplement à protéger leur part de marché. La décision de Goldman Sachs représente une étape audacieuse dans le traitement des crypto-monnaies, en compensant les transactions pour les clients négociant sur les bourses CME et CBOE et en s’engageant à utiliser ses propres fonds pour négocier des contrats à terme sur le bitcoin pour ses clients. Mais si l’implication d’un acteur institutionnel est le critère de légitimité, alors le bitcoin est devenu légitime lorsque des contrats à terme sont devenus disponibles, ou lorsque la SEC a appliqué sa législation sur les valeurs mobilières aux crypto-monnaies.
Cette démarche a eu pour effet de renforcer la légitimité. Maintenant qu’une banque de Wall Street négocie des bitcoins, les autres suivront probablement, en particulier si cette étape permet de déplacer des investissements vers Goldman Sachs. Par ailleurs, un acteur institutionnel de confiance investit désormais dans le bitcoin. Cela donne confiance aux autres investisseurs, en particulier aux investisseurs institutionnels, pour qu’ils augmentent leurs propres investissements.
Le bitcoin est peut-être devenu légitime avant même que nous ne nous en rendions compte, et Goldman Sachs vient d’acheter un billet à la tête du train d’investissement Bitcoin de Wall Street.